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Ciné-Série : Le blog d'un passionné!

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2 mars 2010

Critique : "Avatar" de James Cameron

Il aura mis treize ans le père Cameron pour revenir à la fiction - même si entre-temps il s'est frotté plus ou moins brillamment au documentaire. Nouveau carton au box-office, supplantant son précédant record obtenu avec Titanic, une critique quasi-unanime, et s'apprêtant à rafler une palanquée d'oscars le 7 mars prochain, on s'interroge bien plus sur ce "phénomène" planétaire que sur l'œuvre de James Cameron. Qu'en est-il du film? La révolution 3D est-elle arrivée? Loin de là. Le film est clairement loin du "chef-d'œuvre" annoncé, mais s'avère rester un film profondément fascinant sur lequel réfléchir...

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AVATAR de James Cameron

Il est difficile d'approcher le nouveau film de Cameron vierge de tout à priori, de tout avis pré-conçu, tant on en a dit tout au long de la production du long-métrage. Entre certains gros geeks clamant déjà au chef-d'œuvre d'anthologie en n'ayant vu aucunes images du film, et ceux - en opposition aux autres - clamant que ce serait un gros blockbuster hollywoodien tout nase, sans aucunes nuances, chacune des parties cataloguant trop facilement Cameron comme un tâcheron d'Hollywood ou un génie au-dessus des autres...Grosse prise de tête. Il est bien trop aisé de montrer le cinéaste comme un gentil faiseur d'images hollywoodiennes, réalisateur de blockbusters (ce qui devrait signifier bête, sans nuances, sans fond. "Blockbuster" peut cependant se targuer de beaucoup de significations et peut enrober beaucoup de cinéastes divers.), et il reviendrait à ceux qui le pensent de revoir Abyss, Terminator 2 ainsi que son Titanic. Des thèmes s'y font échos : l'eau (ce de quoi traitaient également ses documentaires), la technologie et l'humain face à un être hautement plus puissant et intelligent que lui. Des thèmes récurrents au sein d'une filmographie, tiens...N'est-ce pas cela qui défini un auteur?

Le pitch d'Avatar (ouais, c'est pas bô "pitch", c'est vrai...) est plutôt simple et très classique : dans un futur lointain les humains partent s'installer sur la planète Pandora, alors que la Terre se meurt car exploitée jusqu'à sa perte par la main de l'homme qui compte réitéré son acte sur cette nouvelle planète. Mais les ressources sur lesquelles lorgnes les humains se trouvent sous le lieu de vie des habitants de Pandora, les Na'Vi, des êtres tout bleus, tout grands, et pas beaucoup vêtue. Ils ressemblent quand-même vachement aux humains...Il suffit d'imaginer la tête de tonton Michel sur un corps humain de 3 mètres de haut tout bleu, super musclé (bah ouais, c'est plus classe!), et presque à poil, ayant ce qu'il faut pour cacher ce qu'il faut. C'est marrant, ils ont les mêmes pudeurs que nous ces Na'Vi! Bon, par contre, ils ont un langage rien qu'à eux, quand même...Première limite du film de Cameron, les Na'Vi? Pas forcément. Même s'il semble toujours un peu désespérant de voir que lorsqu'il imagine une race à part, d'une autre planète, l'humain face preuve d'un anthropomorphisme prononcé - les extraterrestres de District 9 se présentant comme une bonne surprise. Mais ce n'est cependant pas du tout le propos de Cameron. Son idée est de recréer un schéma classique, connue de tous, sur lequel il pourra greffer son histoire. Les Na'Vi sont donc une représentation futuriste des indiens, et les humains nous sont présentés comme des cow-boys s'apprêtant à effectuer un génocide. C'est donc l'histoire américaine que scrute Cameron, et il semble nous dire de façon désespérante que celle-ci se répète et répétera encore.

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Un film d'indiens et de cow-boys dans l'espace? Clairement. Il reprend le schéma classique du film de cow-boys et d'indiens, où les derniers s'apprêtent à se faire massacrer par les premiers. Mais ici, en inscrivant son récit dans le future, Cameron ne montre pas deux races qui vont s'affronter pour cette raison : "tu es un être tout bleu et je te hais pour cela!". Non. C'est pour une ressource naturelle présente sur la planète que les humains sont prêts à attaquer et tuer les Na'Vi. La métaphore écologique sur notre planète actuelle - la Terre est dite dans le film comme morte car exploitée jusqu'à sa perte - est assez évidente. Le discours écologique de Cameron, sur lequel beaucoup de personnes s'arrêtent, reste cependant assez simpliste et consensuel : méchants humains vont détruire gentils Na'Vi pour exploitée la nature. Bon. James Cameron se situe dans l'ère du temps avec un discours écologique sans véritable subtilité ou de quoi remuer les consciences. L'opposition qu'il fait entre les Na'Vi et les humains, les premiers vivant en harmonie avec la nature, dans une grande spiritualité, et les seconds la pillant et ne la respectant absolument pas, s'inscrit également dans un discours simpliste et sans subtilité, ressuscitant du déjà-vu de beaucoup de films. Il conviendrait de revoir de grands classiques du western comme Les Cheyennes de John Ford, La Flèche Brisée de Delmer Daves, et le récent chef-d'œuvre de Terrence Malick Le Nouveau Monde qui nous en dit dix milles fois plus sur la spiritualité et le rapport des êtres avec la nature et le choc qu'ils vont rencontrer face à une autre civilisation - d'autant plus que le film de Malick se targue avant tout d'une histoire d'amour bouleversante entre une indienne et un colon britannique bien plus profonde que celle du film de Cameron entre un humain et une Na'Vi. Le réalisateur d'Avatar prend comme personnage Jake Sully. Un invalide de guerre qui est sélectionné pour piloter un avatar de Na'Vi, et ainsi pouvoir rentrer en contact avec le peuple vivant sur Pandora. Dans un premier temps il marchera pour le compte des humains, mais au contact de la belle Na'Vi Neytiri il va prendre conscience de la réalité des choses et changer de camp. Un thème classique de western ou le cow-boy va trahir les siens pour se lier aux indiens, les gentils.

Si le film de Cameron devait se résumer à ce qui a été exposé dans le paragraphe précédent il conviendrait de dire que tout cela n'aurait pas beaucoup d'intérêt! Quand on oppose John Ford ou Terrence Malick à James Cameron, ce dernier ne fait pas le poids. Avatar ne serait qu'un gentil western futuriste, très loin d'être un bon film. Si le film ne parvient à créer ma totale adhésion, et je ne le qualifierais surement pas de grand film, ni de très bon film, il reste tout de même agréable et fascinant à regarder et explorer...

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"Bon, alors, tu vas nous dire ce qui te plaît dans le film de Cameron, là?! Pour l'instant c'est pô claire!" Je sais. L'idée brillante de Cameron - et ce qui semble l'intéresser le plus - est de placer son récit dans le future. Ainsi il peut créer et inventer un monde où la technologie a pris un pas encore plus important sur la vie de l'homme, auquel ce dernier se dévoue pleinement. En prenant un personnage principal infirme qui va pourvoir se sentir revivre par l'intermédiaire de son avatar Cameron nous pousse à s'interroger. Que le cinéaste soit un geek féru d'ordinateur, de jeux-vidéos et de nouvelles technologies n'est pas une surprise. Mais Cameron vient par l'intermédiaire de son film et ce principe d'avatar nous questionner sur notre rapport à la technologie moderne et notre sensation de vivre à travers le virtuel : facebook, jeux-vidéos, téléphone portable, etc. Mais James Cameron ne se place absolument pas dans un discours de vieux réactionnaire qui condamnerait toutes ces technologies. Il parvient à nous en signifier les bienfaits de celles-ci et leurs mauvais penchants. Jake parvient par son avatar à revivre, et ainsi à voir et ressentir le monde plus intensément qu'avant et c'est ainsi qu'il s'opposera à ses anciens partenaires. A l'inverse la technologie au service de l'armée nous ai montré comme dévastatrice, dramatiquement meurtrière. Utilisée bêtement et simplement afin de combattre l'autre, laissant la technologie nous guider nous condamnera à notre propre perte semble nous dire Cameron. Cette technologie humaine ne parviendra pas à combattre les Na'Vi, alors que ces derniers utilisent uniquement des flèches (ha, encore les indiens!). La technologie peut redonner vie à l'homme, à Jake par son avatar, mais peut condamner l'homme. Les scientifiques du film, intellectuels, se montrant bien plus capables d'utiliser à bon escient les nouvelles technologies que l'armée, que les politiques...Discours qui peut faire écho à notre époque et très critique sur l'Amérique contemporaine : les USA n'ont pu empêcher le 11 Septembre, et vont s'embourber en Irak pour le pétrole. La destruction de l'immense arbre où vivent les Na'Vi semblant être une image assez foudroyante du 11 Septembre 2001...

Cameron ne réalise pas un grand film, encore moins un chef-d'œuvre! L'utilisation de la 3D numérique n'est qu'un gadget, à aucuns moments le cinéaste cherche à créer un nouveau langage cinématographique grâce à l'utilisation de ces lunettes 3D. Ce n'est qu'un argument marketing, la révolution n'est point là. Le cinéaste réalise une performance technique et visuelle grâce à sa mise en scène et à la vie qu'il parvient à créer sur Pandora. Il arrive également à créer des personnages numériques totalement vivants. On y croit vraiment à ces Na'Vi, chaque centimètre carré de leur peau vie, et chaque hésitation, regard, geste, est d'un grand réalisme qui parvient à nous faire ressentir toutes sortes d'émotions. La "révolution" de Cameron se place bien plus de ce côté-là que du côté de la 3D Numérique, mais encore faut-il souligner que le véritable précurseur de l'animation de synthèse à un tel niveau est Peter Jackson. Ce qu'a réalisé ce dernier avec la trilogie Le Seigneur des Anneaux et son King Kong a permit à Cameron de donner vie à son rêve.

Si Avatar ne semble pas être la révolution et le chef-d'œuvre annoncé, il reste un film profondément actuel, post 11 Septembre et se targuant d'un regard fascinant sur la technologie et son rapport à l'homme. Film capable de combler tous spectateurs, d'amuser les ados et de leur titiller l'intellect. C'est déjà pas mal...

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Film américain (2h41). Scénario : James Cameron. Réalisation : James Cameron. Avec :  Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver.


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25 février 2010

Les césars 2010!

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-"HAHA! La cérémonie des césars, qu'est-ce que c'est qu'c'est qu'on doit y penser? Hein, Roger? T'en penses quoi?"

-"Rien à battre moi, puuutain! Hooo, tu me resserres la petite sœur là ou faut que je viennes te chopper la raie pour m'amener la bouteille?!"

-"'chier ho, moi j'dis que c'est Banny Boom qui va gagner."

-"Mais il y est po le chti mes couilles aux césars, vieux!"

-"Quoi?! Scandaleux! Et qui c'est qui devrait gagner le machin alors?"

-"Un film de zonzon. La prophétie, ou j'sais quoi..."

-"Chien alors! On m'a pas mis au courant! Hooo, connasse, tu la ramènes ta bouteille! On va trinquer!"

LA CEREMONIE DES CESARS EST OUVERTE

Malgré mon entrée en matière un peu abrupte, il se dégage cependant assez clairement que Un Prophète de Jacques Audiard part grand favori de cette nouvelle cérémonie des césars avec 13 nominations, dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, etc. De mon point de vue ce film mérite de rafler ses 13 prix et de s'imposer clairement et simplement comme le très grand film qu'il est (Je vous renvois à ma critique du film). De ce fait, voir la présence du chef-d'œuvre d'Audiard dans quasiment chaque catégorie devrait me ravir pleinement, et du coup je devrais fermer ma bouche et ne pas parler des césars 2010! Hein?! Non. Hé oui, excusez-moi mais je trouve que cette sélection laisse vraiment à désirer...

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Meilleur film de l'année? Le Concert? WHAT THE FUCK?! Rapt? re-WHAT THE FUCK?! Welcome? re-re-WH ("ça va on a compris!")?! L'audace dont à fait preuve l'académie des césars est juste remarquable, sérieusement, nommé le film de Mihaileanu ou le supra-pamphlet de Lioret, putain il en faut du culot! Nan? Bon...Il est vrai qu'à l'annonce des films nommés j'ai été pris d'effroi (bien qu'au fond je m'en battes assez grandement, ça me fait juste assez sourire...), voyant la vision ultra-consensuel de ces nominations. Le film de Lioret n'est qu'un gentil film assez confortable, qui rassure le français en voyant le personnage de Vincent Lindon (qui lui, mérite sa nomination, c'est Gabin ce mec!) et nous permet à la fin de la projection de se dire que finalement "j'suis pas un si mauvais gars que ça, hein, Henriette, tu trouves pas? On est po des salauds nous!". La nomination du film d'Emmanuel Finkiel Nulle Part, Terre Promise eut été bien plus légitime, osant lui nous confronter à un regard bien plus subtil et dérangeant sur le thème de l'immigration, de la mondialisation et des changements que cela amène...Film remarquable. L'absence du dernier OSS 117 est aussi assez incompréhensible. On tient une grande comédie française, cinéphile, intelligente, jouant la carte du pastiche comme jamais, avec un Jean Dujardin exceptionnel et une mise en scène d'Hazanavicius sublime, et rien! Une nomination dans la catégorie meilleur film, réalisateur et acteur eut été le minimum! Sinon, le film de Claire Denis aurait très bien trouvé sa place également, réalisant avec 35 Rhums un film remarquable et nous révélant une Mati Diop sublime (bon je suis un peu tombé amoureux d'elle, c'est vrai...). Mais l'oubli suprême reste le film d'Alain Cavalier : Irène. Expérience cinématographie hors du commun, le cinéaste parvient par sa petite caméra DV, en ne filmant quasiment que des objets et nous contant l'histoire que par sa voix-over, à nous pondre un mélo sublime, où un homme vieillissant se rappelle de la femme qu'il a perdu il y a des années...Bouleversant, beau et simple, ce film vous touche au plus profond de votre petit cœur et vous restera gravé en mémoire longtemps...

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"Et les acteurs et les actrices? Hein? Tu vas pas nous emmerder avec ça aussi, si?!" Ben...si. C'est marrant parce-que pour les actrices je ne voyais que deux sublimes performances qui méritaient la statuette : Géraldine Pailhas, dont sa performance dans Espion(s) continue de me hanter. Magnifique. Et puis la belle Chiara Mastroianni dans Non ma fille... (je n'ai pas aimé le film d'Honoré, mais bon j'aime aucuns de ses films alors on s'en fout un peu de ce que je pense...). Et là...stupeur! Aucunes des deux nommées...Hô désespoir, quelle injustice! Bon, on va pas en faire un flan, mais ça craint pas mal de ne pas reconnaitre le talent magnifique et subtile de ces deux grandes actrices. Dommage. Mais s'il y a bien une performance qu'il met incompréhensible de ne pas voir nommée c'est bien celle du GRAND André Dussollier. Ce qu'il fait dans Les Herbes Folles de Resnais est tout bonnement hors-norme, grandiose, surréaliste, magistral, bref! ça claque méchamment à la gueule! Quelle perf' réalise là le père Dussollier, franchement! On s'incline...Pas l'académie des césars. Dommage, encore une fois.

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On va pas s'éterniser sur les césars, faut que j'aille me brosser les dents, mais si il y a bien un point sur lequel la cérémonie m'a toujours convaincu, c'est dans son choix des films en lice pour le meilleur film étranger. "Et alors, cette année?" J'ai tué ma mère...Slumdog Millionaire...?! Heu...bah cette année ça craint pas mal. Et pourtant il y avait de quoi piocher! Le Ruban Blanc est là, heureusement (mais ils pouvaient pas faire sans la Palme d'or, y' auraient eut l'air con, franchement), mais où sont passés Vincere, Public Enemies, Tetro, Morse, L'Etrange Histoire de Benjamin Button, Le Temps qu'il Reste?...Mystère. Tout comme cette cérémonie des césars, cela relève d'un véritable tour de passe passe, et au fond ça n'a pas grande importance.

-"Pourquoi tu viens de nous péter les noix avec ton article qui n'en finit pas alors?! Sérieux! Va te laver les dents!"

D'accord... -ASH-


24 février 2010

Critique : "Public Enemies" de Michael Mann

Réalisateur de chefs-d'œuvre comme Heat ou Révélations, Michael Mann est un des plus grands cinéastes contemporains américains. Depuis une dizaine d'années environ il est un précurseur de la caméra haute-définition, et avec son nouveau film Public Enemies il atteint des sommets et signe un de ses meilleurs films, et par la même occasion un des meilleurs films de l'année 2009!

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PUBLIC ENEMIES de Michael Mann

-"Michael Mann? Le réalisateur de blockbuster hollywoodien d'action?"

-"Nan nan, Jacky, tu confonds avec ce gros tâcheron de Michael Bay! Mann c'est un grand auteur du cinéma américain actuel. Un cinéma noir et pessimiste, qui éclate la forme pour mieux nous exposer le fond. Un styliste hors-norme, un grand conteur, bref un putain de génie le Michael Mann!"

Je dois avouer que j'ai trop souvent à répondre cela quand je sors le nom de Michael Mann - si je ne reçois pas du mépris de la part de quelques couillons snobes qui ne peuvent imaginer que ce cinéaste puisse être un GRAND AUTEUR! Et bien je l'affirme et l'affirmerais toujours, Mann est un des plus grands cinéastes vivants, qui à construit une filmographie cohérente et magnifique, se jouant des codes du film de gangsters et des nouvelles avancées technologiques pour nous dépeindre des histoires sombres et pessimistes de personnages courant contre leur mort, magnifiques archétypes tragiques. L'opposition d'Al Pacino et Robert De Niro dans Heat restera à jamais graver dans la mémoire des cinéphiles, qui au delà de la rencontre de deux des plus grands acteurs américain, est un sommet du cinéma dit d'"action" et un magnifique polar noir et tragique. Grande tragédie sur deux êtres obsessionnels qui vont se brûler les ailes à force de se fuir et courir après...Bouleversant. Avec Public Enemies il reprend un schéma quasi identique et ajoute un nouveau grand film à sa filmographie.

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L'histoire démarre dans les années 30, celles de la grande dépression, période dure de l'histoire américaine où la pauvreté augmente, et par conséquent emmène à la criminalité. Le gangster John Dillinger (Depp, dans une de ses plus grandes perf', loin du cabotinage de ce genre de rôle, tout en retenue) écume les banques à travers les états-unis, et se fait nommé "ennemie public numéro 1" du pays par John Edgar Hoover, le patron du FBI, et Melvin Purvis (Christian Bale, remarquablement ambigu) est délégué pour traquer sans relâche le criminel. Structure classique du film de gangsters, du film policier, Mann en tire un long poème funèbre et démonte avec brillo cette trame Hollywoodienne et les codes qui lui sont attachés. Filmé en haute-def' et avec son style habituel - bien que plus sobre, lui confinant une plus grande épure et de ce fait une plus grande beauté - le cinéaste nous offre une vision nouvelle de l'Amérique de ces années-là, amenant un réalisme et un grain d'image inédit pour ce genre de films. Mais tout en abordant un côté réaliste - caméra à l'épaule, et l'image haute-def' - le film est rempli d'un onirisme et d'un lyrisme sublime. Cette scène sur la plage entre Dillinger et Billie Frechette (superbe Marion Cotillard, un regard magnétique) aborde un aspect surréaliste, le sable ressemblant à de la neige...Ou lorsque Dillinger fuit dans la nuit, à travers les bois, moment en suspension, la pleine lune traversant les arbres donnant un aspect de cauchemar éveillé, où le gangster fuit pour mieux s'enfoncer dans le néant...

Mann ne s'intéresse pas spécialement à la traque de John Dillinger, lui préférant s'intéresser à la course effréné du personnage contre sa propre mort. Grâce au jeu de Johnny Depp il nous présente un personnage assez austère, beau comme un ange déchu, qui sachant qu'il va mourir tente de vivre plus qu'il ne peut. Lorsqu'il rencontre Billie Frechette il ne va pas perdre de temps, il sait qu'il l'aime et s'en va avec elle. Et c'est ensuite pour elle qu'il risquera sa vie. Mélo magnifique...Mais à chaque instant Mann instaure un trouble sur Dillinger, ses sentiments toujours rentrés on ne sait où il se situe. Déjà du côté des morts? Une des plus grandes scènes du film (Et au passage une des plus grandes scènes qu'il m'ait été donné de voir. Oui oui rien que ça!) est celle où Dillinger débarque avec un culot monstre dans le bureau des policiers en charge de l'enquête sur sa personne. L'endroit est à moitié vide, et le voilà qui déambule lentement et parcours sa vie étalée sur les murs, à travers des photos, des dossiers, des journaux...puis il tombe sur les portraits de ses amis et complices sur lesquels est inscrit "décédé", suivi du sien, encore vierge...toujours debout. Dillinger se promène tel un fantôme, qui observerait impassible toute sa vie avant de refermer la dernière page. Sombre et magnifique, cet instant vous hantera longtemps.

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A la poursuite de Dillinger le FBI lance donc Melvin Purvis. Flic d'élite, homme charismatique et compétant il se dégage pourtant de lui un trouble ambigu constant. Tel un personnage de Mann il lutte en permanence contre sa propre désintégration. Type obsessionnel, ultra-perfectionniste, son destin est presque scellé à celui de Dillinger, même si les deux hommes se détestent (à l'inverse de Heat où Pacino et De Niro s'estimaient grandement). Purvis semble constamment dans le doute, comme dépassé par les ordres de John Edgar Hoover, de son obstination malsaine à vouloir "chasser" Dillinger, mais également dépassé par ses propres décisions, et de la violence dont il peut faire preuve - le bougre fait feu fréquemment. Christian Bale parvient subtilement à nous faire sentir le malaise inhérent au personnage, perdu entre ses obligations vis-à-vis d'Hoover, de lui-même, et de ce type perturbant qu'est Dillinger. Un homme sur la brèche, entre deux vies...

En 2h15 magnifique Michael Mann signe un grand film funèbre, où des anges déchus se battent contre la mort qui les guette de toute part...Dillinger finissant au cinéma, face à Clark Gable, qui à travers l'écran lui lance les dernières paroles qu'il ait besoin d'entendre. Il sait que l'heure arrive, tout comme son ami John Hamilton qui lors d'une très belle scène lui exprime le sentiment de mort imminente qui l'envahi. Quelques années après la fin du film le générique nous explique que Melvin Purvis s'est suicidé...Ils auront eu beau essayés de lutter, la mort les aura tous rattrapé. Clape de fin. Bouleversant.

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Film américain (2h15). Scénario : Ann Biderman, Ronan Bennett & Michael Mann d'après l'œuvre de Bryan Burrough. Réalisation : Michael Mann. Avec : Johnny Depp, Christian Bale, Marion Cotillard, Billy Crudup, Jason Clarke, David Wenham, Stephen Graham & Giovanni Ribisi.


23 février 2010

Critique : "Le Ruban Blanc"

Palme d'or du dernier festival de cannes, le nouveau film du cinéaste autrichien Michael Haneke se veut comme une réflexion sur l'origine du mal. On peut craindre du "prof" Haneke une approche trop didactique, comme il a souvent tendance à faire. Il n'en ai rien ici. On retrouve tout ce qu'on aime du cinéaste, une réflexion brillante sur la violence et le mal, débarrassé des démonstrations parfois pompeuses de ses précédents films. Un choc!

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LE RUBAN BLANC de Michael Haneke

Un film du cinéaste autrichien est toujours une épreuve à traverser. Souvent passionnant, on peut malheureusement facilement lui reprocher d'opter pour une approche très démonstrative, théorique, didactique, bref! un vrai prof. Mais sa réflexion sur la violence, le mal, nous amène toujours à s'interroger, se questionner sur ce thème éminemment humain et de notre relation vis-à-vis de celui-ci. Haneke amène aussi souvent à une réflexion sur la violence filmée, le rapport de celle-ci mise en image et de son impact sur le spectateur, du lien qu'il tisse avec celle-ci. Avec son Ruban Blanc Haneke réalise son plus grand film, et se débarrasse de tous ses tics de vieux prof cherchant à nous montrer que par A + B on obtient Z! Si son film reste une démonstration implacable de la naissance du mal, il parvient à donner une ampleur romanesque à son film (si si! Le gros au fond qui a lever les yeux au ciel, à poil contre le mur!) et malgré l'austérité et la rigueur de son film il parvient à instaurer un souffle puissant et une âme à ses personnages qui viennent à nous toucher et nous émouvoir grandement. Telle cette scène où l'un des enfants découvre par la bouche de sa sœur ce qu'est la mort, et que tous sont mortels, même lui ou son papa. Puissante scène où un enfant perd une part de son innocence et découvre donc le vide désespérant de l'existence...

Le film débute en 1913, dans un petit village allemand dont l'histoire nous est conté par une voix-off de vieillard, qui à l'époque n'était qu'un jeune instituteur. Il nous met en garde sur ce qu'il va nous raconter : il ne sait si tout est vrai, on lui a dit certaines choses, entendu par oui-dire d'autres...Lui, cet instituteur, est alors un jeune homme heureux qui vient de rencontrer une jeune fille dont il tombe amoureux, et se voit déjà marié avec elle. La vie traçait sa route, paisiblement. Mais voilà qu'un câble est tendu entre deux arbres, et fait chuter le médecin du village. Il est gravement blessé et doit être hospitalisé en ville. L'on pense alors à une farce idiote. Puis peu après, voilà que le fils du riche propriétaire du village se fait kidnapper et ruer de coups. Puis l'enfant handicapé de la sage-femme se fait bruler les yeux...Une horreur et violence venue et donnée par on ne sait qui s'introduit doucement et gravement dans le village.

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Tout en lenteur et plan-séquences sublimes en noir et blanc immaculés (superbe photo de Christian Berger), Haneke nous dépeint une violence sourde, brutale, sans raisons, qui vient s'introduire dans ce village et les êtres qui l'habite. Un suspens permanent nous envahit alors sans nous lâcher, ne sachant jamais d'où et par qui l'horreur peut venir, ces décors et paysages en noir et blanc nous semblant être impénétrable à la noirceur du monde...

Puis Haneke nous montre la vie de ce village. Ce pasteur qui accroche un ruban blanc au bras de son fils qui a osé avoir "cédé à l'appel de sa jeune cher", or il doit rester pure. Face à face éprouvant entre le fils et son père où ce dernier pousse à bout le premier à lui "confesser" son geste. L'enfant est alors attaché la nuit, dans son lit, afin de l'empêcher de pouvoir succomber au péché. Ce même pasteur sera également émut aux larmes par son plus jeune fils qui vient lui offrir son oiseau, ce qu'il a de plus cher. Devant nous se dévoile alors l'humain derrière la carapace hermétique du pasteur, mais le voilà qui rapidement se contient, et fait face pour se tenir impassible. Pourquoi une telle exposition de ses sentiments humains? C'est à Dieu de le faire...

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Ces êtres que nous montre Haneke ne vivent pas dans un village paisible et heureux. Ils sont en enfer. Et les uns essayent d'emmener les autres dans leur noirceur, leur douleur. Tel le médecin, une fois revenue de sa guérison, qui crache au visage de sa maîtresse toute sa haine et le mal qu'il pense d'elle (Cruauté que Bergman aurait apprécié, digne de lui!), afin de la détruire, et cette dernière de lui répondre "Tu dois atrocement souffrir pour être si odieux". Mais le mécontentement gronde, la révolte est là, se sent derrière les visages. Les oppresseurs et oppressés se font face : les paysans qui prennent le mépris et l'indifférence du riche propriétaire sans broncher ; ces parents (tel le pasteur) élevant leurs enfants dans la terreur, de Dieu, du péché, leur rappelant la pureté qu'ils doivent garder. Et ces enfants semblent capable d'encaisser les coups à vie, constamment, en silence. Ces oppresseurs se sentent toujours dans leur droit, agissant pour le bien des autres. Leurs agissements nous montre en fait tout le vide qui les habite, répandant sur leurs "victimes" des sanctions vaines, ne répondant qu'à des mécanismes et logiques ancestrales, dans une vision purement conservatrice et traditionaliste qui cloitre les êtres dans la plus grande terreur et violence insidieuse...

On a bêtement voulu ne voir qu'en Le Ruban Blanc un film sur l'origine du nazisme. Or l'intelligence d'Haneke d'avoir placer son récit au début du XXième siècle, au début de notre époque moderne (les grands changements qui marqueront notre siècle démarrant là), - certes en Allemagne et nous permettant de réfléchir sur l'origine du nazisme, qui ne suffit à être expliquer que par ce que nous montre Haneke (et sa grande intelligence est de ne jamais nous asséner de vérité, et de ne pas donner de réponses précises au spectateur, le laissant tirer les conclusions et réfléchir de lui-même!) - sert ainsi à mieux nous parler de maintenant! Michael Haneke nous montre les totalitarismes de hier, d'aujourd'hui et de demain. Il met en évidence comment ce rigorisme religieux, ce conservatisme, peut en tout temps créer et amener au plus grand mal. Il nous montre comment la violence et l'horreur va s'infiltrer dans le cœur et l'âme des êtres, pour ne plus les lâcher, et nous interroge sur le futur de ces personnes. Que deviendront-ils? A quoi donneront-ils naissance? Où sont-ils aujourd'hui? Ne voir dans ce film que le passé, et ne pas voir qu'il nous parle d'aujourd'hui comme de demain est ne pas prendre conscience de la grande intelligence de ce film. Une Palme d'or méritée, un vrai choc! -ASH-

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Film allemand, autrichien, français, italien (2h24). Scénario : Michael Haneke. Réalisation : Michael Haneke. Consultant sur le film : Jean-Claude Carrière. Avec : Christian Friedel, Ernst Jacobi, Leonie Benesch, Ulrich Tukur, Ursina Lardi, Fion Mutert, Michael Kranz, Steffi Kühnert, Maria-Victoria Dragus & Leonard Proxauf.


22 février 2010

Critique : "Vincere" de Marco Bellocchio

Le cinéma italien n'est clairement plus ce qu'il était - oui, dit comme ça on dirait un vieux con nostalgique -, mais il faut se souvenir d'une époque ou s'enchainait les sorties de films de Fellini, Rosselini, Pasolini, etc. pour en citer des grands et divers. Si Marco Bellocchio est déjà reconnu comme un grand cinéaste, l'on peut clairement clamer qu'avec son Vincere, il a sa juste place à côté des grands noms du cinéma italien cité plus haut! Film romanesque, fou comme un opéra, romantique, lyrique, bref! Vincere est un film hors-norme, magnifique, et l'on se demande bien comment le jury cannois a pu laisser repartir ce film bredouille.

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VINCERE de Marco Bellocchio

Existe-t-il encore des films aussi fou, aussi romanesque, lorgnant vers une grandiloquence digne d'un opéra? Non. Peu. Ici, Bellocchio (septuagénaire!), réinvente son cinéma et repart chercher cette vision d'un cinéma qui serait la quintessence de tous les arts! Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce vieux salaud remporte la partie avec un immense talent!

Vincere s'intéresse à un pan de l'histoire omis de la mémoire collective italienne : celle d'Ida Dalser, maîtresse de Benito Mussolini. Elle le rencontre en 1907 alors qu'il n'est encore qu'un jeune homme ambitieux et enragé, qui veut vaincre le régime en place - signification de vincere en italien. Ida est impressionnée et charmée par le charisme et le discours de l'homme. Ils vivent une relation, elle l'aide à financer son ambition politique, tombe enceinte, mais lui l'abandonne. Elle se retrouve seule avec son fils. Mussolini va alors nier être le père de l'enfant, nier connaître cette femme, et va la cloîtrer, l'enfermer!

Le film se compose de deux parties. La première nous emporte dans la folle relation d'Ida Dalser et de Benito Mussolini. Lui est fuyant, enragé par son ambition politique alors qu'elle se rattache à chaque instant passé avec lui comme un moment d'amour fou. La mise en scène de Bellocchio ose toutes les audaces, use de surimpressions, de sur-titres, d'images d'archives, de jeu d'ombres et de lumières puissantes et baroques, rappelant des tableaux de maîtres! Il parvient ainsi à nous signifier le tourbillon fou dans lequel les personnages à l'écran se trouvent. Il mêle l'intime et l'histoire politique du pays de façon fluide et passionnante. Magique!

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Une fois leur relation finie et que Mussolini atteint le pouvoir et abandonne Ida et son fils, le rythme se calme. Et Bellocchio use d'une idée de mise en scène brillante, il décide alors de ne montrer le dictateur qu'à travers les images d'archives! L'acteur jouant Mussolini n'apparaitra que pour jouer le fils une fois jeune adulte. Tout comme Ida nous projetons alors l'image de Mussolini qu'à travers celle qu'il se crée et cherche à montrer à travers la propagande et les médias qu'il utilise à cette fin. Et nous suivons alors le combat de cette femme magnifique afin de faire reconnaitre son statut ainsi que la paternité de son fils. Rejetée, enfermée dans un asile, elle se relève à chaque coup qu'on lui inflige afin de mieux cracher à la gueule d'un système qui ne chercher qu'a aliénée cette femme afin de ne pas salir l'image du dictateur Mussolini. Bellocchio se targue alors d'une puissante métaphore sur la folie, l'aliénation, et à travers cette femme c'est le pays tout entier qu'est l'talie que vise le cinéaste. Fascination pour un homme de pouvoir, prêt à tout pour lui, Bellocchio parvient à nous parler d'aujourd'hui et de l'Italie de Berlusconi!

Soutenue par une interprétation magnifique de Giovanna Mezzogiorno (c'est à elle que le jury cannois aurait du donner le prix d'interprétation féminine plutôt qu'à l'hystérique Gainsbourg!), ainsi que de Filippo Timi jouant Mussolini jeune, Marco Bellocchio parvient à réaliser un grand film romanesque, brassant des thèmes divers, passant de l'intime à la grande histoire de l'Italie. Il parle aussi de cinéma - cerise sur le gâteau - en nous montrant une scène bouleversante où Ida regarde le Kid de Chaplin et Charlot être séparé de son enfant, telle que Mussolini lui à retirer le sien! Une Passion est également projetée dans une église où Mussolini est soigné après avoir été blessé à la guerre. Métaphorique, symbolique, lyrique! Bellocchio nous livre un film bouleversant, tel le regard du personnage magnifique d'Ida Dalser, dans lequel nous verrons jusqu'au bout le refus de la compromission et de se faire écraser par la machine totalitaire afin de faire triompher la raison! Et ce film l'est : un triomphe! -ASH-

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Film italien (1h58). Scénario : Marco Bellocchio & Daniela Ceselli. Réalisation : Marco Bellocchio. Avec : Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi, Michela Cescon, Corrado Invernizzi & Fabrizio Costella.


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22 février 2010

Les meilleurs films de la décennie 2000!

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Le_Nouveau_Monde

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Au jeu des listes de films qu'aime faire le cinéphile (c'est un drôle de truc le cinéphile, c'est vrai) celle des meilleurs films des années 2000 (de 2000 à 2009) en est une plutôt intéressante à réaliser. Difficile, c'est clair, mais qui reste marrante à faire. Je me suis donc écorché à réaliser un top 20 des films que je considère comme m'ayant le plus marqué et comme étant les plus importants pour ma petite cinéphilie perso!
Bon, voici la liste, enfin MA liste :

  • Millennium Mambo de Hou Hsiao-hsien
  • Un Prophète de Jacques Audiard
  • Elephant & Gerry de Gus Van Sant
  • Le Nouveau Monde de Terrence Malick
  • A History of Violence de David Cronenberg
  • There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson
  • Les Climats de Nuri Bilge Ceylan
  • L'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford d'Andrew Dominik
  • La Nuit nous Appartient de James Gray
  • In the Mood for Love de Wong Kar-waï
  • Un Conte de Noël d'Arnaud Desplechin
  • Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson (mon côté gros geek revendiqué à mort)
  • No Country for Old Men des frères Coen
  • Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry
  • Boulevard de la Mort de Quentin Tarantino
  • Volver de Pedro Almodovar
  • Vincere de Marco Bellocchio
  • Keane de Lodge Kerrigan
  • La Vie Moderne de Raymond Depardon
  • Ex-aequo The Dark Knight de Christopher Nolan & Lost in Translation de Sofia Coppola

A noter que j'ai mis qu'un film par cinéaste, à part Gus Van Sant mais bon c'est pô pareil et tant si ça plait pas. Sinon, dans cette liste j'aurai pu mettre Three Times de Hou Hsiao-hsien, De Battre... de Jacques Audiard, Two Lovers de James Gray, Uzak de Nuri Bilge Ceylan, ect. J'ai également omis un cinéaste que je considère comme un des plus grands actuels : Michael Mann! J'ai hésité à inscrire Public Enemies, mais au delà de ce film, je considère son Miami Vice ou Collateral comme de très grands films. Même si je n'ai pas retenu un de ses films dans ma liste, lui, est clairement un des grands cinéastes de la décennie! Mais bon, à un moment faut trancher bordel, faire des choix même si c'est difficile...je les ai fais. :)

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22 février 2010

Critique : "Un Prophète" de Jacques Audiard

Grand Prix à Cannes, succès critique et public énorme, nommé pour 13 césars et à l'oscar du meilleur film étranger, autant dire qu'il y a consensus unanime autour du dernier film de Jacques Audiard. Un grand chef-d'œuvre Un Prophète? Oui, mille fois oui.

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UN PROPHETE de Jacques Audiard

Malik, 19 ans, rentre en centrale, la prison des grands, des durs. Il n'a pas de passé, une page vierge, et ne sait ni lire ni écrire. Il se retrouve enfermé pour avoir agressé un flic à l'arme blanche, même si cela nous semble flou et que l'on n'en saura pas plus. Il semble être SDF. Mais le voilà qu'aujourd'hui il doit s'installer dans cette mini-société qu'est la prison, et y trouver sa place...

Cette présentation du personnage, de faire de Malik un type totalement vierge, sans passé et qui va se construire devant nous, en 2h30 qui passe à toute vitesse, est la première grande idée de Jacques Audiard. Son film va nous permettre de suivre l'ascension d'un caïd, qui va en partant de rien réussir à s'imposer, à trouver sa place et à s'installer en haut sur l'échelle de la grande criminalité. Malik est donc un héros, que l'on peut voir à la fois comme positif et négatif. De la prison, Malik en retire des enseignements qui le mèneront vers la criminalité, mais de ces enseignements, Malik sort plus instruit, plus fort, plus construit, et a su se jouer de ceux qui voulaient se jouer de lui, et ainsi pu pouvoir traverser ces années de prison sans y laisser sa peau. Il y laissera peut-être sa morale...

Il est difficile d'analyser sur une simple critique tout ce que le film d'Audiard peut nous dire, car tel la marque des très grands films il nous en dit plus que ce qu'il nous montre.

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Pour reprendre les choses à leur début, Malik débarque en prison à seulement 19 ans, ne connaissant personne à l'intérieur ou à l'extérieur de la prison. Isolé, fragile, c'est une proie facile. Le clan corse de la prison, mené par César Luciani (Niels Arestrup, immense, comme l'acteur magistral qu'il est), va alors lui mettre la main dessus, et ne lui laisser aucunes options : tu tues un type, ou alors on te bute. Malik doute, est effrayé, ne peut imaginer tuer un mec...Mais il ne pourra y échapper, et exécutera le contrat. Une scène atroce à regarder, Audiard filmant la violence au plus près, sans fioritures aucunes. Brut. Brillant! Voilà le jeune Malik sous la coupe de César, protégé et intégré au groupe, même si son identité d'arabe le heurtera au profond racisme des membres du clan corse, ce qui les mènera peut-être à leur perte...

A partir de là, Malik s'installe dans la taule, exécute des tâches pour César, courbe l'échine, ferme sa gueule, mais observe. Apprend. Il va aux cours donnés dans la prison, et apprend à lire, à écrire, à compter, pour ainsi mieux réfléchir et mieux s'organiser. Il rencontre aussi d'autres types : Ryad, son ami, un vrai. Leur relation est d'ailleurs très belle, profonde (Adel Bencherif qui joue Ryad est tout à fait remarquable!). Et Jordi le gitan (Génial Reda Kateb, plus vrai que nature!) avec qui Malik va réussir à installer son commerce de shit, du gros, et notamment à l'extérieur, en banlieue, avec l'aide de Ryad une fois qu'il sera sorti de taule.

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Le film nous montre de façon tout bonnement immense comment peut se former un héros moderne (même s'il est négatif!), et arrive par là à imposer une nouvelle gueule au cinéma français! Des personnages de fictions, des héros de cinéma, qui se nomment Malik ou Ryad! Et tout en nous montrant l'ascension d'un petit gars sans rien qui se découvre être un puissant bonhomme, un caïd, il nous présente un acteur méconnu jusqu'ici, Tahar Rahim, qui devant nous se découvre être un grand acteur. Génie d'Audiard, encore une fois, d'avoir décider de prendre un acteur inconnu du grand public afin de lui faire parcourir un voyage du même acabit que son personnage, de nous présenter un gamin qui devient un homme, dur, mais de notre siècle, de notre pays la france.

Tout en se jouant d'une grand ironie, à l'image du titre du film, Audiard signe un film puissamment réaliste, faisant un constat accablant des prisons et de la criminalité française. Il arrive, derrière cette figure héroïque que peut-être Malik, a nous signifier comment l'échec social et économique d'un société peut amener à la délinquance, et celle-ci à la case prison, qui au lieu de réinsérer va être une école magnifique pour rentrer dans la grande criminalité. Mais sans jamais jouer la carte du film qui se veut documentaire et ultra-réaliste, en assumant la fiction, en la cherchant à tout pris, en faisant du cinéma quoi! Audiard parvient à toucher au plus juste, au plus vrai. Sa mise en scène à l'épaule est puissante, cadrant au plus près des corps, des chairs, le tout rythmé par la musique d'Alexandre Desplat (superbe composition) omniprésente sans jamais qu'on ne la remarque et qu'elle n'envahisse l'image.

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Après son immense De Battre Mon Coeur s'est Arrêté, Jacques Audiard signe un film d'anthologie, à marquer d'une pierre blanche dans ce début de siècle du cinéma français! Il offre un grand film de genre, un des plus grands même (c'est digne du Trou de Becker), et fait un film sur la france d'aujourd'hui en offrant une nouvelle gueule sublime au cinéma français : Tahar Rahim, Adel Bencherif, Reda Kateb, etc. Bref, on pourrait en dire tellement sur la grande claque que nous met là l'ami Audiard, mais courez plutôt voir ce chef-d'oeuvre, ou achetez-le en DVD, ça vient de sortir. MAGISTRAL. -ASH-

Film français (2h35). Scénario : Jacques Audiard & Thomas Bidegain d'après un scénario original d'Abdel Raouf Dafri & Nicolas Peufaillit. Réalisation : Jacques Audiard. Avec : Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Reda Kateb, Hichem Yacoubi, Gilles Cohen & Leïla Bekhti.


22 février 2010

Top films 2009!

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L'année 2009 aura été forte en films majeures (de mon point de vue, évidemment!). Je vous présente alors ma liste des 15 meilleurs films de l'année, avant de consacrer une critique par la suite à certains d'entre-eux. J'avais laissé tomber ce site tout de suite après sa création, sentant que je n'aurais pas le temps de m'en occuper...mais finalement, je vais continuer à le tenir en vie, de façon régulière, je l'espère.
Voilà donc, mon top 15 des films de 2009 :

Mise à Jour : Le Top 15 devient un Top 16, après visionnage de l'hallucinant Démineurs de Kathryn Bigelow, celui-ci trouve logiquement sa place dans les meilleurs films de 2009!

  • Un Prophète de Jacques Audiard
  • Vincere de Marco Bellocchio
  • Le Ruban Blanc de Michael Haneke
  • Public Enemies de Michael Mann
  • Démineurs de Kathryn Bigelow
  • Max et les Maximonstres de Spike Jonze
  • Irène d'Alain Cavalier
  • Tetro de Francis Ford Coppola
  • Espion(s) de Nicolas Saada
  • Morse de Tomas Alfredson
  • Gran Torino de Clint Eastwood
  • Thirst, Ceci est mon Sang... de Park Chan-wook
  • L'Etrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher
  • La Danse - Le Ballet de l'Opéra de Paris de Frederick Wiseman
  • Le Temps qu'il Reste d'Elia Suleiman
  • Wendy & Lucy de Kelly Reichardt

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31 janvier 2009

Critique : "Les Noces Rebelles" de Sam Mendes

Le réalisateur britannique Sam Mendes, « Jarhead » et « American Beauty », filme le naufrage d’un amour qui se voulait idéal. Avec le couple vedette de « Titanic », Kate Winslet et Leonardo DiCaprio : remarquables.

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LES NOCES REBELLES de Sam Mendes

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eur rencontre est filmée en une scène. Une scène de bonheur, d’amour naissant entre cet homme et cette femme, qui voit en lui non l’amour de sa vie, mais le possible amour de sa vie. Elle aime en lui non ce qu’il est, mais ce qu’il pourrait devenir. Un coup de foudre au conditionnel en quelque sorte. Suite à cette seule scène de bonheur, c’est la crise. Le couple se brise, lentement. Après cette rencontre on retrouve le couple des années après, installés, mariés et avec deux enfants. Un petit couple de banlieusards américain des fifties tout à fait banal. Elle est femme au foyer, et lui travail dans une entreprise sans personnalité, où il s’emmerde avec force. Le couple ne vit pas le destin exceptionnel auquel ils croyaient pouvoir accéder. April s'imaginait vivre une existence à part, d'intellectuelle ou d'artiste, on ne sait pas trop, et elle non plus! C'est ce qui est passionnant dans ce film, c'est qu'elle s'imagine pouvoir connaître une vie exceptionnelle, où elle pourrait s'épanouir, mais sans savoir comment l'obtenir. Elle rêve bien de devenir actrice, mais elle n'a pas le talent pour en devenir une grande. Elle le sait, l'a deviné il y a bien longtemps. Et, dans cette société où la femme n'a pas droit à beaucoup de considérations, pas facile pour elle d'arriver là où elle veut. C'est à travers son mari qu'elle s'imagine pouvoir vivre cette "existence exceptionnelle"...

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Le film de Mendes mêle subtilement (qu'il doit plus au livre de Richard Yates "La Fenêtre Panoramique", qu'à son talent de cinéaste, malheureusement!) un sujet large, social, à un côté plus intimiste. Le film se passe en grande majorité dans leur maison, avec April et Franck face à face, seuls. Les enfants ne sont vus que très peu. On nous met vraiment au cœur de ce couple pour vivre de l'intérieur son délitement. Et c'est là que le film connait son gros défaut : la mise en scène de Sam Mendes! Dit comme-ça on peut se dire "Putain, si la mise en scène de Mendes est foiré, le film aussi alors!". Mais non. En effet, il réalise une belle mise en scène classique, accompagnée d'une magnifique musique de Thomas Newman, et une très belle lumière de Roger Deakins (le directeur photo des Coen's Brothers). Cependant, il manque à sa mise en scène un côté plus intimiste, plus charnel, qu'il soit plus près des corps de ses personnages, qu'il prenne des risques quoi! Au final, il parvient à réaliser une belle mise en scène classique, mais non du grand classicisme à la Coppola pour "Le Parrain". Ce souci empêche le film d'atteindre des sommets, notamment Bergmaniens ("Scènes de la vie conjugale" en tête). Son film reste tout de même remarquable, grâce à la performance exceptionnelle de ses deux comédiens...

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On a entendu quelques critiques dire que Kate Winslet était meilleure que Leonardo DiCaprio. Conneries! Ou, en tout cas, s'ils le pensent vraiment, ne peuvent apprécier le film. Pour que ça fonctionne il faut une alchimie entre les deux interprètes, qu'ils se répondent, face jeu égal en quelque sorte. C'est le cas, et c'est magnifique, bouleversant à regarder. Kate Winslet est une immense actrice (Elle a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice ET de la meilleure actrice dans un second rôle lors de la dernière édition! Faut le faire, et c'est la grande favorite aux oscars, où elle est nominée pour la cinquième fois.). Ce ne sont que des prix, mais sa performance ici est sublime. Elle incarne avec force et faiblesse cette femme qui perd ses illusions, qui tente tant bien que mal - plus mal que bien d'ailleurs - à se réaliser, à s'accomplir à travers son mari, car bloquée par les mœurs de la société d'alors, et son statut de femme. Scène magnifique où elle prend son mari dans ses bras, le regarde à la fois désespérée et pleine d'espoir, en lui disant qu'il a la meilleure qualité du monde : c'est un homme. Face à elle, Leonardo DiCaprio, qui nous a prouvé grâce à Scorsese que c'est un grand acteur, intense, électrique, brillant! Il arrive ici à monter en intensité de façon impressionnante. Franck aime sa femme pour ce qu'elle est, et DiCaprio nous le montre sublimement et subtilement. Lorsque le couple éclate de façon intense, et même violente, lors de disputes fortes, DiCaprio explose littéralement l'écran. On est soufflé. Car il ne se met pas qu'à gueuler et à gesticuler, à cogner dans les murs, il nous fait ressentir tout le désarroi de cette homme qui ne sait pas que répondre à sa femme, il ne peut rien faire : il n'est pas cet homme exceptionnel. La tristesse, le désarroi, violent et tendre à la fois est vécu par ces deux acteurs remarquablement, et ils nous le font ressentir. Le film vit grâce à leur prestation. Si Mendes avait fait une mise en scène plus personnelle, on tenait là un petit chef-d'œuvre. Ce n'est pas le cas, malheureusement. -ASH-

Film américano-britannique (2h). Scénario : Justin Haythe d'après l'œuvre de Richard Yates. Réalisation : Sam Mendes. Avec : Kate Winslet, Leonardo DiCaprio, Kathy Bates, Michael Shannon & David Harbour. Date de sortie : 21 Janvier 2009


31 janvier 2009

Critique : "Espion(s)" de Nicolas Saada

Premier film de Nicolas Saada, ancien critique des Cahiers, et véritable coup de maître. Un film brillant, subtil, porté par deux acteurs au sommet de leur art.

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ESPION(S) de Nicolas Saada

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n premier film est une œuvre toujours passionnante, comprenant souvent des maladresses de première fois, mais permettant de se rendre compte de la sensibilité d’un cinéaste. Par contre, rare sont les premiers films maîtrisés d’un bout à l’autre, faisant preuve de la maturité du réalisateur. Ces premières œuvres qui nous claque à la gueule et que l’on n’attendait pas, nous faisant découvrir un grand artiste. Espion(s) est de ceux-là. Mais, si ce premier film de Nicolas Saada fait preuve d’une grande maturité et d’une grande maîtrise, c’est peut-être parce qu’il a attendu de nombreuses années avant de réaliser ce premier long. La quinzaine d’années qu’il a passé à la rédaction des Cahiers du cinéma lui on permis de se forger un regard de cinéaste et d’étoffer le cinéphile qu’il est. En s’attaquant au film de genre, le film d’espionnage, il fait une véritable œuvre de cinéphile, où les références pointent (Hitchcock en tête). Cependant, Saada ne cherche pas à copier ceux qu’ils considèrent comme ses maîtres. Il s’en inspire pour pouvoir s’en détacher, et fait un film incroyablement personnel, où sa sensibilité se fait ressentir tout au long de la projection.

Vincent (Guillaume Canet), bagagiste à Roissy, s’emmerde royalement dans son travail. Pour passer le temps il s’amuse avec son collègue, Gérard, à voler dans les valises des voyageurs. Un beau jour, une valise diplomatique arrive sur le tapis. Son collègue y fouille et elle lui pète à la gueule. Il meurt. Vincent se retrouve interrogé par la DST, et mêlé contre son gré à une affaire qui le dépasse. On lui propose de passer l’éponge sur ses larcins s’il part à Londres pour se rapprocher des personnes mêlées à cette valise. Il doit notamment se rapprocher d’un homme d’affaires Anglais, en tentant de séduire son épouse française, Claire (Géraldine Pailhas). Les faux sentiments vont évidemment se transfomer...

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"Peu de dialogues, des gestes, des regards, et le film devient magistral"

 

Espion(s) passe alors d’un plan géopolitique à un plan intime, et le film prend toute son ampleur. Car les grandes scènes du film viennent de ces moments intimes entre Vincent et Claire, l’intrigue géo politico-terroriste ne servant qu’à grossir le jeu de faux sentiments auxquels ils se donnent. Faux sentiments qui deviennent vrais, et vrais sentiments qui deviennent confus. La première grande scène entre Vincent et Claire arrive autour d’un verre, après que celui-ci lui est offert une peinture. La conversation ne comprend rien d’extraordinaire, mais ils se mettent à parler de leur passé, et là… Le lien se fait, entre eux se passe quelque chose. Ils sont tous les deux aussi perdus, aussi triste l’un que l’autre. La scène parvient à créer une véritable sensualité, un romantisme subtil et magnifique, sans cliché ni mièvrerie. Pour parvenir à cette subtilité il faut un grand talent de metteur en scène. Saada sait diriger ses acteurs, les filmer, en les éclairant et les cadrant magnifiquement, sans esbroufe et avec délicatesse. Ces scènes deviennent alors bouleversantes. Peu de dialogues, des regards, des gestes, et le film devient magistral.

Le film doit énormément à ses deux acteurs principaux - le reste du casting étant tout aussi remarquable. Guillaume Canet n’a jamais été meilleur. Une ambiguïté se dégage de lui, on ne sait trop s’il agit en fonction de ses propres sentiments, ou par rapport à ce que lui demande la DST et le Mi5. Il parvient à nous montrer en un regard, un geste, toute la tristesse de ce personnage, de cet homme abîmé et à la tendance autodestructrice. Face à Claire il nous montre toute la confusion du personnage, pris par un complot qui le dépasse et par des sentiments qui le dépasse également. Géraldine Pailhas joue avec grâce et à la fois fragilité et dureté ce personnage. Cette femme marquée par la mort de son ex-mari et la perte de la garde de ses deux enfants, et qui trouve du réconfort, une protection dans les bras de cet homme d’affaires Anglais, qu’elle respecte plus qu’elle ne l’aime. C’est en Vincent qu’elle trouve un être qui lui ressemble, lui est proche, et à la fois qui lui est lointain. Face à lui elle peut se mettre à nue. Elle le fait, intimement, physiquement, moralement. Le choc quand celui-ci lui annoncera qui il est véritablement et pourquoi il s’est approché d’elle la bouleverse, lui inflige une autre claque dans sa vie. Une scène bouleversante. Elle, encore nue dans les draps blancs, est là face à lui, fragile, sans armures. Lui, est déjà rhabillé, en noir, comme protégé, et marche dans la pièce, déjà culpabilisant. Il s’approche d’elle, s’assoit sur le lit, et elle comprend… « Ménage-moi, s’il te plaît. » lui dit-elle, avant qu’il n’ait commencé à parler. Mais le choc n’est pas celui qu’elle attendait. Celui-là est dévastateur. Elle se sent trahie, humiliée…Vincent ne sait plus où il est, qui il est. Il est perdu, et perdant.

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Nicolas Saada arrive, en n’explicitant jamais trop ses personnages et leurs sentiments, à nous faire ressentir toute la complexité de ces personnes, de ces deux êtres perdus, qui se consument lentement dans un complot qui les dépasse, amoureux et politique. Le film commençant et finissant sur deux hommes en feux, impuissant face à des évènements qui les dépasse. Bouleversant et magnifique, le premier film de Nicolas Saada frappe fort. Un grand film. -ASH-

Film français (1h39). Scénario et réalisation : Nicolas Saada. Avec : Guillaume Canet, Géraldine Pailhas, Stephen Rea, Archie Panjabi, Hippolyte Girardot & Alexander Siddig. Date de sortie : 28 Janvier 2009


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Ciné-Série : Le blog d'un passionné!
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